I'M NOT ALONE (r.)

SELFON & MARSHALL.
acte numero un: les retrouvailles.

Une nouvelle journée commencait sur Cape Neddick. Une nouvelle sans lui, sans sa présence, sans son odeur qui la hantait pourtant avant son départ en guerre. Une nouvelle journée commencait avec l'inquiétude de ne jamais plus le revoir sans avoir pu sentir ses lévres sur les siennes, et sans lui avoir avouer ce qu'elle épprouvait pour lui.
Son rêveil sonna, l'obligeant à se rêveiller pour de bon. Elle soupira alors, poussant à l'aide de ses pieds la couverture pour pouvoir enfin se mettre debout et partir dans la salle de bain se passer de l'eau glacée sur son pâle visage qui lui enleverait sans doute toute ses pensées le concernant pendant une fraction de seconde. Une fois cela fait, Selfon se dirigea avec une extrême lenteur vers son armoire pour attraper une robe blanche qu'elle enfila quelques minutes plus tard. Une séance maquillage et coiffure s'en suivit avant qu'elle soit parfaitement prête pour partir en ville, ou plutôt dans le lieu qui l'accueillait depuis des mois déjà: l'Eglise. Elle qui n'était pourtant pas si croyante que cela, avait pour habitude depuis le depart de Marshall en guerre de venir prier pour lui. Pour qu'il ne lui arrive rien, du moins, qu'il revienne sain et sauf de cette chose qui tuait des centaines de personnes. Elle marchait alors d'un pas non-chalant sur les trottoirs de la ville, passant devant les quelques bâtiments qui la constituaient, pour enfin laisser apparaitre l'énorme bâtisse qui s'offrait à elle, la faisant soupirer pour la seconde fois. Selfon avanca de quelques pas et pénétra à l'intérieur, marchant avec cette même lenteur qui l'accompagnait depuis ce début de journée pour s'asseoir sur un banc et regarder de ses yeux entourés de noir la statuette de la vierge qui semblait l'observer depuis le début avec son air serain qui la déconcertait presque. Elle ferma alors les yeux, murmurant les quelques mots qu'elle ne cessait de repêter à chacunes de ses visites dans ce lieu. Une fois sa priére terminée; Selfon se leva, la tête baissée et se dirigea vers la sortie, laissant sa place à l'homme qui passa à côté d'elle, et à qui elle ne prêta aucunes intentions; avant de sentir ce parfum qu'elle ne connaissait que trop bien. Elle se tourna alors brusquement et regardit cet inconnu pas si inconnu que ça qui l'avait sans doute lui aussi reconnu au vue du regard qu'il lui lancait...

S E L F O N & M A R S H A L L PLEASE, LOOK AT ME

Des coups de tonner, des tremblements de terre, du rouge beaucoup de rouge et des énormes cris. Tout atour de moi s'effondrait peu à peu. On priait Dieu de nous permettre de survivre, on courrait dans tous les sens histoire de trouver un endroit où se cacher, on hurlait et le sang giclait de partout. Un homme la tête baissé s'approcha de moi, la main contre son thorax. S'effondrant dans mes bras il releva la tête d'un bond et je découvrit le visage de Beelly mon seul ami sur le camp. Il souriait et ses dents étaient recouvertes de sang. Puis il se mit à rire, à rire s'y fort qu'il m'en perçait les tympans. Le noir complet s'installa et son rire sadique perpétuait. AHAHAHAHAH ...
Encore et toujours ce même rêve. Il hantait mes nuits. Je ne trouvais plus le sommeil depuis mon retour. Ces quelques mois m'ont empoisonné la vie. Je me suis réveillé en sueur, une fois de plus, poussant un cri terrible. Ma mère alarmée débarqua dans la pièce en trombe et me serra dans ses bras. Je me sentis mieux que nul part ailleurs, sa poigne ferme et compatissante était si réconfortante qu'elle réussis à m'apaiser. Me regardant droit dans les yeux elle passa sa main dans mes cheveux comme on le ferait à un gamin de cinq ans. « Tu devrais aller remercier Dieu de t'avoir permis de revenir auprès de nous. » m'a-t-elle dit. Maman a toujours eu une foie invraisemblable. Pour elle, ces cauchemars étaient un message du maître suprême qui me punissait de ne pas être aller le voir dès mon retour. Je lui souris en guise de réponse. Je n'ai jamais réussis à lui refuser quoi que ce soit. Avant de partir elle s'empara de la bouteille posée au pied de mon lit, me faisant un sourire assez triste. Je ne voulais pas le décevoir mais c'était le seul moyen pour moi d'oublier, ne serait-ce qu'un instant. Le soleil venait à peine de se lever et le ciel était d'un rose pâle époustouflant. J'avais quelques heures devant moi pour rattraper cette nuit agitée de sommeil. Au bout du compte je réussis à fermer les yeux à peine une heure. Douché, habillé et ayant grignoter un petit pain au lait je sortis de la maison. J'avançais à une allure lente dans les rues qui m'étaient si familières, me rappellent les moindres souvenirs qui me viennent à l'esprit. Bientôt la grande baptise de l'Eglise me fit face. Je soupira un grand coup avant de me lancer dans la dernière ligne droite. Je ne voulais pas tellement retourner dans cette Eglise et prier Dieu de m'avoir épargner. Je suis en vie, certes mais ma vie est foutue à jamais. Les images de la guerre me reviennent sans cesse en mémoire. Une vie comme celle là ne vaut pas la peine d'être vécue. J'aurais aimé qu'il me prenne moi aussi, au moins je ne souffrirais plus. La porte grinça derrière mon passage et seules deux personnes étaient assises sur les bancs de bois. J'avançais aussi lentement que possible retenant mon souffle face à ce bâtiment impressionnant. Depuis tous petit que je viens ici, ma peur de ces fresques n'a pas changé.
Alors que je m'approchais de plus en plus de la Sainte Marie au fond du couloir, je croisa le chemin d'une jeune femme la tête baissée. A peine eu-je le temps de faire un pas derrière elle que mon corps se retourna sans même que j'eu le temps de le lui en donner l'ordre. Je la reconnaissais, elle ... Je la scrutait d'un regard d'incompréhension mais à la fois de désolement. Elle semblait m'avoir reconnue, puisqu'elle aussi s'était retournée brusquement après notre croisement. J'étais comme tétanisé. Mon corps ne bougeait plus malgré que mon cerveau l'ordonne de se jeter sur elle et de la serrer dans ses bras. Seulement j'avais peur, une fois de plus. Peur de sa réaction, peur qu'elle s'en aille. J'entrouvris la bouche avant de tenter de prononcer quelque chose mais les seuls sons qui en sortirent furent les claquements de mes lèvres. Ridicule, oui c'est le mot j'étais ridicule.